Une robe pour dénoncer les couleurs de la honte !
En mars 2015 le petit monde des fashionistas s’enflammait sur le web et se crêpait le chignon pour déterminer la couleur d’une robe. Certaines la voyaient bleue, d’autres blanches, d’autres dorées. Bref un arc-en-ciel de vacuité qui a pourtant fait la une de l’ensemble médias et a créé le buzz du printemps sur les réseaux sociaux puisqu’il fut même relayé par certaines célébrités qui n’avaient visiblement rien de plus intéressant à promouvoir. En s’emparant de cette anecdote sans importance qui a mis le feu aux prunelles des internautes et mobilisé l’intégralité des forces pensantes d’Internet, l’Armée du Salut Sud-Africaine a décidé de passer un vrai message. Un message fort destiné à sensibiliser la population sur un sujet grave : les violences subies par les femmes.
Concrètement l’agence de publicité en charge de cette campagne de sensibilisation a shooté une mannequin vêtue de la robe infernale dans sa version blanche et dorée et recouverte d’ecchymoses. Pour renforcer l’image un slogan sans détours : « Pourquoi est-ce si difficile de voir du noir et du bleu ? » En jouant sur l’ambiguïté de la couleur, l’Armée du Salut démontre qu’un phénomène insignifiant peut occulter un sujet primordial comme celui des violences faites aux femmes. Ici aucune illusion d’optique et la seule illusion est de penser qu’il puisse s’agir du choix des femmes. Une femme sur six est en effet victime d’agressions en Afrique du Sud.
Des chiffres stupéfiants qui ne concernent pas que l’Afrique du Sud puisqu’en France 146 femmes sont décédées, victimes de violence conjugale, en 2013. En dehors des conséquences psychologiques et sociales, les violences faites aux femmes coûtent également à la France 3,6 milliards d’euros en termes d’aides sociales, de soins et surtout de perte de capacité de production. Selon les dernières statistiques des Nations Unies au moins une femme sur trois est battue, victime de violence sexuelle ou autrement maltraitée par un partenaire intime au cours de sa vie. Des violences qui pour 40% d’entre elles débutent lors de la première grossesse. D’ici fin 2015, quelque 1,2 milliard de petites filles pourraient être mariées de force si des actions ne sont pas entreprises et on dénombre à 130 millions le nombre de femmes ayant subi des mutilations génitales.