Lili Sohn a un sourire à rendre jaloux le soleil et un appétit de vivre communicatif. Mais cette trentenaire originaire de Strasbourg installée au Québec aurait pourtant des raisons de se morfondre. En effet en 2014 elle apprend à l’occasion de la Saint-Valentin que Cupidon lui a joué un mauvais tour et a décoché sa flèche empoisonnée. Le poison en question : le cancer du sein. Difficile à l’âge de tous les possibles d’être confrontée à cette terrible maladie et à la peur de la grande faucheuse.

Vaillante et optimiste la jeune femme ne s’en laissera pas compter et c’est avec des crayons, des paillettes et un solide sens de l’humour qu’elle entreprendra sa thérapie contre la maladie. Graphiste de formation, Lili Sohn va se lancer dans la réalisation d’une bande dessinée iconoclaste qu’elle baptisera« La guerre des tétons » publié aux éditions Michel Lafon car si le cancer est redoutable, sa volonté de l’écarter le sera tout autant.

Résultat, une bande dessinée conçue comme une croisade de drôlerie et d’émotion qui évoque son parcours de santé à l’aide d’expressions déconcertantes de franchise. Oui, « Le cancer, ça pue du c.. ! ». Au fil des illustrations et des bulles, Lili la battante confie son expérience de patiente, sa confrontation avec le milieu médical et propose un abécédaire du cancer pour les nuls où l’on retrouve les angoisses qui jalonnent les étapes de la maladie. De la crainte de la mammographie, en passant par le déni et le besoin d’être soutenue, Lili Sohn parvient à décrypter les ressentis contradictoires et les bouleversements occasionnés par la maladie. Un cancer qu’elle baptise « Gunther » pour mieux le domestiquer et l’abolir. Les tétons entrent en guerre.

Mission accomplie pour Lili Sohn qui grâce à sa lucidité joyeuse parvient à dédramatiser les choses. A l’aide de son crayon et de son ton décalé, elle propose une vérité nue qui va droit au but car arrive un moment les bavardages deviennent inutiles. Dessiner pour résister et faire savoir au plus grand nombre que si le cancer est une épreuve il est aussi possible de le combattre en mobilisant son courage et en lui retournant dans un éclat de rire sa flèche empoisonnée.

Au-delà d’une bande dessinée en passe de devenir le petit livre rouge des patients et soignants, « La guerre des tétons » est une leçon d’enthousiasme pour aborder la maladie autrement et sans pathos. Face au succès rencontré un second tome est en cours d’écriture.

Longue vie à Lili Sohn, à laquelle revient le mot de la fin : Je ne veux pas qu’on me regarde avec des yeux de petits chats, je n’ai pas besoin de pitié mais plutôt d’énergie cosmique! Et si ça peut t’inciter à te checker les boobs ou ceux de ta blonde et bien tant mieux!

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