Portrait : Angelina Jolie ou la guerre d’une étoile contre la souffrance
Sur-belle, sur-médiatisée, sur-exposée, sur-mince, sur-rebelle, sur-enviée, sur-mère, sur-mariée. Si le superlatif n’existait pas c’est bien pour Angelina Jolie qu’il faudrait l’inventer.
Née le 4 juillet 1975, d’un couple d’acteurs célèbres, Angelina Jolie n’a jamais fait les choses à moitié et en embuscade derrière son regard mélancolique se côtoient feu céleste et romantisme ombrageux. L’ombre d’une adolescence jalonnée de troubles anorexiques, de haillons gothiques et d’un cortège d’automutilations qui lui permirent d’exorciser et de mieux ressentir la douleur. De ces saignées extrêmes sur son corps frêle, elle garde une fragilité d’oisillon batailleur et un rapport ambivalent au bonheur, ainsi qu’à ce père absent qui n’hésita pas à évoquer les graves troubles mentaux de sa fille.
Mais c’était sans compter sur le don de résilience de celle qui en dépit du désaveu paternel entreprit de mettre en marche une machine à perfection redoutable : elle-même. De ses tendances mortifères, de ses tatouages de rockeuse, de son mariage raté avec le Bad Boy comédien Billy Bob Thornton, elle sut extraire le meilleur et créer un fascinant personnage seconde peau : celui d’une héroïne incontestée, une sorte de fée auréolée d’une procession de bonnes actions.
Une star américaine à la plastique de poupée irréelle, c’est donc bien ce qu’a fait jaillir d’un puits de souffrance sans fonds cette ex rebelle destinée à mourir jeune. Une star du box-office avec des rôles emblématiques de femmes flingueuses luttant contre la loi des hommes. Une star, qui sur le tournage de Mr and Mrs Smith, s’est emparée du héros d’Hollywood, formant avec lui le duo le plus fusionnel depuis Adam et Eve. Une star des maternités qu’elle enchaine sans prendre un gramme laissant les psychanalystes bouche cousue. Une star des causes perdues militant sans relâche contre l’humiliation faite aux plus faibles. Puis dernièrement, la star d’un combat : celui contre le cancer du sein. Lorsqu’elle révèle avant la grande messe cannoise sa double mastectomie pour prévenir un risque élevé du cancer du sein et des ovaires, Angelina Jolie jette à un pavé dans la mare. Porteuse d’un gène familial défectueux augmentant la possibilité de contracter la terrible maladie, elle n’hésite pas à auto-mutiler, à nouveau, ce corps trop parfait pour tutoyer le bonheur.
Sur-belle, sur-médiatisée, sur-exposée, sur-mince, sur-rebelle, sur-enviée, sur-mère, sur-mariée. Si le superlatif n’existait pas, c’est bien pour elle qu’il faudrait l’inventer. Angelina trop Jolie, une créature comme seul Hollywood sait en inventer. Une créature aussi humaine que venue d’un ailleurs. Comme une étoile filante…