Le syndrome de Stendhal : quand l’art devient fatal…
Peut-on défaillir de l’art ?
C’est la question que s’est posée sérieusement en 1990 la psychiatre italienne Graziella Magherini face à l’exaltation incontrôlable de certains touristes en voyage à Florence.
Joyau de la renaissance italienne, Florence est une œuvre d’art à ciel ouvert connue notamment pour sa légendaire Galerie des Offices. Face à tant de beauté, certains touristes sont submergés d’émotion et pris d’une transe les conduisant à une conduite délirante. C’est ces touristes en état de choc que le Docteur Magherini reçoit en consultation.
Cette syncope du beau a été décrite pour la première fois par l’écrivain français Stendahl alors qu’il visitait la basilique Santa Croce. Il eut alors cette phrase : « J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent des sensations célestes données par les beaux-arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber ».
Maladie de l’esprit, le syndrome n’en bouleverse pas moins le corps entraînant une accélération du pouls, des tremblements et suffocations voire certaines hallucinations. Très réceptives à l’esthétique Florentine, les femmes sont plus touchées que les hommes par ce vertige. Un syndrome cependant réversible dès lors que la patiente retrouve son pays et ses habitudes.
Si Florence peut susciter une telle perte de contrôle, d’autres villes dans le monde (Paris, Jérusalem..) font aussi perdre pied à certains visiteurs. Au-delà de la ville, c’est bien le choc culturel qui est à l’origine de ce tsunami émotionnel.
Mais, ces émotions fortes sont-elles réellement pathologiques ou tout simplement légitimes ? De par la puissance de son message, l’art peut en effet être à l’origine d’émotions extrêmes quasi mystiques. Alors, ne craignons pas ces quelques palpitations de l’au-delà, accueillons les avec bienveillance car l’Art aura toujours besoin de notre enchantement.