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ART & SANTE / Portraits d'artistes

Portrait Camille Claudel : du génie à l’exil définitif

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« Je lui ai montré où trouver de l’or, mais l’or qu’elle trouve est bien à elle, n’arrive plus à se passer d’elle » Auguste Rodin à propos de Camille Claudel

Camille Claudel

10 mars 1913, un jour comme un autre. « La grande guerre » ne fait que frémir et n’a pas encore appelé au front ses soldats. Un jour comme un autre, sauf pour une femme. Une femme au regard violet, aux cheveux sombres en bataille : Camille Claudel.

Cette femme et sculptrice de génie est le 10 mars 1913 sur décision familiale, celle de sa mère, Louise Athanaïse Claudel, et de son frère, l’écrivain mystique Paul Claudel, internée à l’hôpital de Ville Evrard près de paris.

7 septembre 1914, la guerre est partout dans les cœurs et les fusils. Pour des raisons de sécurité, Camille  Claudel est transférée à l’asile d’aliénés de Montdevergues près d’Avignon. Elle y restera 30 ans. Un internement  aussi définitif qu’abusif qui coupera du monde des vivants celle qui avait de l’or dans les mains.

Femme singulière, artiste singulière, c’est dès l’enfance que Camille Claudel éprouve une passion pour la terre qu’elle malaxe avec vigueur. Un refuge chaud et vivant pour cette petite fille née dans un foyer bourgeois  sans amour où seul le père encourage  les velléités artistiques de ses enfants. Pour Camille, ce sera l’académie de sculpture où son talent s’affine. Rapidement, elle devient une artiste et ne passe pas inaperçue tant par sa beauté que par  son tempérament farouche soumis aux tsunamis affectifs.  C’est l’arrivée de Rodin en tant que superviseur du cours qui bouleversera la destinée de Camille en l’unissant pour le meilleur et pour le pire au grand sculpteur.

Auguste Rodin dans son atelier

Toujours à l’affût, Auguste Rodin remarque aussitôt le talent de cette jeune fille, la prend sous son aile, lui enseigne à suivre la nature et à observer les corps. Tous deux dotés d’une volonté créatrice peu commune,  ils  s’aimeront au-delà de toute mesure enfonçant dans leurs cœurs comme dans la glaise des coups de burin exaltés.  Emerveillé par son talent, il lui confie les travaux les plus complexes et l’on peut dire que Camille Claudel a signé bon nombre des sculptures exposées de Rodin. De cette passion, que Camille souhaite exclusive, naîtront les prémices de sa folie. En ménage, Rodin ne veut pas se séparer de sa femme ce qui occasionne chez la jeune fille un tourment dont elle lui portera rigueur toute sa vie. Son frère Paul Claudel accusera publiquement Rodin d’être responsable de la  psychose paranoïaque de sa sœur  « Elle avait tout misé sur Rodin, elle perdit tout avec lui. Le beau vaisseau, quelques temps ballotté sur d’amères vagues, s’engloutit corps et bien».

Dans l’une de ses sculptures  « L’âge mur », Camille Claudel représente un homme tiraillé entre deux femmes, la plus jeune le supplie  à genoux tandis qu’il part avec la plus âgée. Ce travail d’une puissance hors normes représente le chaos affectif d’une femme qui aima sans trouver le point d’horizon.

L'age mur par Camille Claudel

La petite chateleine par Camille Claudel

En 1888, Camille Claudel quitte tout, famille et amant,  elle s’installe seule pour sculpter seule. Telle une forcenée de l’art, elle s’isole et travaille sans discontinuer produisant des œuvres de plus en plus reconnues, se détachant de l’influence artistique de Rodin. Alors que sa main reste d’or, son esprit quitte les rivages de la réalité et elle s’enfonce dans une  déchéance morale et physique à coup de mauvais vin ou de fêtes délirantes.  Son dernier domicile connu,  19 quai Bourbon à Paris, ne lui servira  guère d’atelier mais deviendra une  sorte de prison mentale où elle se protège par le mutisme et la saleté, jusqu’à la date de son internement. Elle a alors 48 ans.

Femme française, femme libre et féministe dans un monde bourgeois qui niait une telle revendication, Camille Claudel incarne la quête d’absolu, cette inaccessible étoile laissant encore aujourd’hui ses admirateurs frémissants. Sculptrice entre déraison et génie, elle permit à de grandes comédiennes comme Isabelle Adjani  ou plus récemment Juliette Binoche de trouver à l’écran leurs plus beaux rôles.

Jusqu’à la fin de sa vie Camille Claudel réclama la liberté à grand cri. Celle-ci lui fut refusée.

Pour  lui rendre justice, une exposition  formidable « Camille Claudel. La femme, la folie, la création », est organisée au musée les Arcades du centre hospitalier de Montfavet (Avignon) du 30 mars au 2 juin 2013. 

Pour en savoir plus : Dossier de presse de l’exposition à télécharger 

 

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