Portrait d’artiste : « Grand corps malade » le funambule troubadour du slam
« Quand tu es dépendant des autres pour le moindre geste, il faut être pote avec la grande aiguille de l’horloge. » Grand Corps Malade
Haute stature maladroite et dégingandée, prunelle claire où s’attarde une mélancolie lucide, « Grand Corps Malade » de son vrai nom Fabien Marsaud marche dans la vie autrement. Avec une canne. Une canne que ses fans oublient dès lors qu’il pousse son Slam, art oratoire devenu une sorte de chant urbain viscéral qu’il entonne pour mieux nous faire tomber, sous le charme.
Il en a fallu de la détermination à ce grand jeune homme né en 1977 sous le soleil timide de la Seine Saint Denis pour faire entendre sa voix et trouver la sienne. Une voix autre, une voix née d’un corps meurtri par un coup du sort alors que tout le prédestinait à un brillant avenir sportif. Un plongeon malheureux dans une piscine trop vide aura raison de ses vertèbres et le conduira à une paralysie diagnostiquée comme définitive. C’était sans compter sur l’envie de vivre et la volonté d’airain de cet esthète du langage qui découvrit le trajet secret des mots alors qu’il était un adolescent tout aussi secret. « Grand corps malade » ne sera pas paralysé et c’est en s’armant d’humour et de dérision qu’il se remettra en selle pour nous livrer une parole aussi nostalgique que combative.
Très vite la reconnaissance est au rendez-vous et il s’impose au fil des albums comme le Maestro français du Slam dans un pays qui en ignorait jusqu’à l’existence. Fort de ses succès, il enchaîne les projets musicaux, écrit un récit en prose « Patients » dans lequel il revient avec une ironie bien ajustée sur son hospitalisation, rend hommage au personnel soignant et à tous ses compagnons d’infortune. Un cri de militant du « Vivre debout » qui lui valut les éloges de la presse littéraire et bien plus encore.
Le 28 octobre 2013 est sorti dans les bacs son nouvel album « Funambule », album de la maturité syncopé par la poésie voluptueuse des gens simples qu’il sait parer d’un bel humanisme, tout simplement le sien. Pouvant se déclamer a Capella ou au son des beats le lyrisme de Grand Corps malade se rapproche sans aucun doute de l’art du funambule, ce même funambule qui ondule sur le fil de l’existence, tombe 7 fois et se relève huit.
Chapeau monsieur le funambule au grand coeur en vie !